Dakar,30 Septembre 2025(JVFE)-Andry Rajoelina a annoncé la dissolution du gouvernement hier dans un discours adressé à la nation, diffusé sur les chaines publiques nationales. Cette décision, qui met fin aux fonctions du Premier ministre Christian Ntsay, survient au lendemain du limogeage du ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean Baptiste. Loin d’apaiser les tensions, ces mesures sont perçues comme une capitulation partielle face à la pression populaire, sans que le chef de l’État n’assume pleinement sa part de responsabilité dans l’origine de la crise.
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Le mouvement de contestation, lancé le 25 septembre par la génération Z (Gen Z) et des citoyens excédés par les coupures d’eau et d’électricité, a rapidement dégénéré. À Antananarivo, des barricades ont été dressées, des véhicules incendiés et des commerces pillés. Les affrontements avec les forces de l’ordre ont fait plusieurs blessés et des morts. La Gen Z, collectif de jeunes activistes nés entre 1997 et 2012, cristallise les revendications : démission du gouvernement, excuses publiques du président et de Christian Ntsay, et limogeage du préfet de la capitale, accusé de répression excessive.
Dans son allocution qui a duré une vingtaine de minutes, Rajoelina a évoqué un « esprit de concertation nationale » et promet des mesures de soutien aux entreprises et aux travailleurs touchés par les pillages et saccages. Une cellule spéciale anti-pillage a été créée, assortie de sanctions sévères, a-t-il déclaré.
Il a salué les avancées de la Jirama, en annonçant l’ouverture de nouveaux centrales électriques, tout en reconnaissant que la communication avec la population restait insuffisante. Il a affirmé vouloir relever les défis de l’électricité et de l’eau d’ici la fin de son mandat.
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Pourtant, ce discours esquive les accusations les plus vives. Le président n’a pas présenté d’excuses publiques et n’a pas évoqué sa responsabilité dans la détérioration des infrastructures, résultat de sous-investissements et de soupçons de corruption. Le limogeage d’Olivier Jean Baptiste n’est perçu que comme un geste symbolique face à des coupures touchant jusqu’à 80 % des foyers urbains et à des pénuries d’eau aggravées par la sécheresse et la mauvaise gestion. L’opposition et certains alliés réclament désormais la démission pure et simple du chef de l’État. « C’est une diversion », accuse un porte-parole de la Gen Z.
Rajoelina a reconnu que les récents événements « apportent de grandes leçons », mais a rejeté la division comme « non-solution », appelant à l’unité nationale. « Réparons ce qui a été détruit et avançons côte à côte », a-t-il déclaré.
La rue, cependant, reste mobilisée. La Gen Z a annoncé un retour massif dans les rues dès ce mardi 30 septembre, promettant d’intensifier la mobilisation. Observateurs et société civile redoutent une escalade à l’approche des élections locales. Cette crise met en lumière les fractures d’un pays où la jeunesse connectée défie un pouvoir usé après sept ans au pouvoir.


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