Processus Politique Inclusif : Alger et Mogadiscio unies contre les ingérences étrangères

Dakar,17 aout 2025(JVFE)-Alger et Mogadiscio unies contre les ingérences étrangèresL’Algérie et la Somalie ont réaffirmé, dans une déclaration conjointe, que la solution à la crise libyenne passe par un processus politique inclusif, la fin des ingérences étrangères et l’organisation d’élections libres et équitables.

La position commune de l’Algérie et  de la Somalie sur l’inclusivité du processus politique en Libye a été exprimée lors de la visite à Alger du ministre somalien des Affaires étrangères, Abdisalam Abdi Ali, accueilli par son homologue Ahmed Attaf. Les deux pays, actuellement membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, entendent défendre cette ligne au sein de l’instance onusienne.

Une telle volonté commune est affichée pour redynamiser leurs relations fraternelles à travers une coopération élargie dans divers domaines, à l’occasion de la visite officielle à Alger du ministre somalien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdisalam Abdi Ali, en Algérie, à l’invitation du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, du 9 au 11 août.

Mise en œuvre du contenu de la lettre du président somalien

C’est ce qu’indique un com­muniqué commun qui cou­ronne cette visite. Celle-ci traduit la volonté commune des deux parties d’impulser une nouvelle dynamique aux relations fraternelles unis­sant les deux pays. Elle s’inscrit également dans le cadre de la mise en œuvre du contenu de la lettre adressée par le président Hassan Sheikh Mohamud à son homologue Abdelmadjid Tebboune, et trans­mise par le conseiller et envoyé spécial du pré­sident somalien lors de sa visite à Alger le 21 novembre 2024.

Lors de cette visite, le ministre somalien a été reçu par le Premier ministre, Nadir Larbaoui, à qui il a remis un message écrit adressé au président Tebboune du président de la Somalie Hassan Sheikh Mohamud. Les ministres des Affaires étran­gères ont tenu une séance de travail durant laquelle ils ont passé en revue l’état des rela­tions bilatérales, exploré les moyens de les renforcer et discuté de diverses questions d’intérêt commun au niveau arabe, africain et international.

Signature de 3 mémorandums d’entente

Les discussions ont débouché sur la signature de 3 mémorandums d’entente, portant sur la création d’une commission ministérielle mixte entre les deux gouverne­ments, la mise en place d’un mécanisme de concertation politique entre les ministères des Affaires étrangères et d’un mémorandum d’entente entre l’Institut diplomatique et des relations internationales du MAE et l’Institut des études diplomatiques du ministère soma­lien des Affaires étrangères.

La coopération dans le domaine de l’éducation a été au cœur des échanges, avec un accent mis sur le renfor­cement des liens d’amitié par le savoir. Il a été décidé d’augmenter le nombre de bourses uni­versitaires accordées aux étudiants somaliens, passant de 15 à 50 par an, couvrant divers cycles et spécialités selon les besoins exprimés par la partie somalienne.

L’Algérie s’est enga­gée à offrir des formations spécialisées et de qualité aux experts somaliens, notamment dans les hydrocarbures et la santé. Sur le plan politique, les deux pays ont mis en avant la solidité de leurs relations historiques, et ont salué le niveau de concertation politique sur les questions d’intérêt commun.

Soutien indéfec­tible à la souveraineté de la Somalie

L’Algérie a réaffirmé son soutien indéfec­tible à la souveraineté, l’unité et l’intégrité ter­ritoriale de la Somalie, rejetant toute ingérence étrangère, et exprimant son appui à la lutte contre le terrorisme pour préserver la sécurité et la stabilité du pays. Il a également été convenu de poursuivre la coordination des positions dans les forums internationaux, face aux défis communs, et de jouer un rôle actif dans la résolution des crises et la lutte contre les ingérences étrangères.

Les 2 parties ont réitéré leur engage­ment à échanger leur soutien aux candidatures dans les organisations régionales et internatio­nales. À ce titre, la Somalie a félicité l’Algérie pour l’élection de Selma Malika Hadadi en tant que vice-présidente de la Commission de l’UA et son élection comme membre du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA pour la période 2025-2028 et dont elle assure la présidence périodique en août 2025.

Pour les questions régionales, continentales et internationales d’actualité, Alger et Mogadiscio sont convenues d’intensifier la concertation et de renforcer la coordination au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, notamment s’agissant du monde arabe et l’Afrique, et ce, en leur qualité de membres non permanents de cette instance onusienne représentant les groupes arabe et africain.

Alignement sur les grandes questions internationales 

Les 2 pays ont condamné la guerre génocidaire menée par l’occupation sioniste contre le peuple palestinien à Ghaza depuis le 7 octobre 2023, qui a causé plus de 60.000 morts et plus de 100.000 blessés, avec une destruction massive des infrastructures. Elles sont convenues, également, de soute­nir le droit inaliénable et imprescriptible du peuple palestinien frère à établir son État indé­pendant et souverain sur les frontières de 1967 avec Al Qods pour capitale, tel que stipulé dans les résolutions internationales et l’Initiative arabe de paix.

Aussi, l’Algérie et la Somalie sont conve­nues d’œuvrer avec les partenaires internatio­naux à obtenir la qualité de membre à part entière pour la Palestine au sein de l’ONU, de rejeter toutes les tentatives de déportation des Palestiniens de leurs terres à Ghaza, partie intégrante de l’État palestinien et de rejeter toute présence de l’entité sioniste au sein des institutions ou réunions de l’UA sous aucune forme que ce soit.

Au sujet de la crise au Soudan, l’accent a été mis sur l’unité de ce pays et l’importance de le voir recouvrer sa sécurité et sa stabilité, appelant à faire prévaloir le dialogue et l’intérêt suprême du pays et du peuple soudanais et à rejeter les ingérences étrangères. Alger et Mogadiscio ont réitéré leur soutien aux efforts du SG de l’ONU et de son envoyé personnel, Staffan de Mistura, en vue d’un règlement juste, durable et définitif, fondé sur le respect de la volonté du peuple sahraoui, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’AG des Nations unies.

Par ailleurs, les 2 ministres ont insisté sur l’importance d’un processus politique inclusif entre Libyens, visant à renforcer l’unité nationale, préserver l’intégrité territoriale du pays, et organiser des élections libres et transparentes menant à l’établissement d’institutions légitimes et unifiées. Cette visite marque un tournant significatif dans les relations algéro-somaliennes, ouvrant la voie à une coopération renforcée, fondée sur des liens historiques, une vision commune et un partenariat stratégique multidimensionnel.

La déclaration souligne la nécessité de préserver l’intégrité territoriale de la Libye et de reconstruire des institutions unifiées et légitimes. Elle évoque également la situation au Soudan, appelant à privilégier le dialogue et à restaurer la stabilité du pays.

Sur le terrain, la Représentante spéciale de l’ONU pour la Libye, Hanna Tetteh, prépare une feuille de route qu’elle présentera le 21 août devant le Conseil de sécurité. Son plan, élaboré après de larges consultations avec des acteurs politiques et sociaux libyens, devrait inclure des mesures concrètes pour unifier les structures sécuritaires et militaires.

Pour les analystes, si la position de l’Algérie et de la Somalie s’inscrit dans le discours classique sur la souveraineté, elle reste fragile sans engagement concret des parties libyennes à appliquer les décisions. La multiplication des initiatives diplomatiques risque de rester purement déclarative tant que les divisions internes et les intérêts régionaux contradictoires perdureront.

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